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Actualité de la métacognition - Cahiers pédagogiques n° 563 - Septembre 2020

Actualité de la métacognition 

Cahiers pédagogiques n° 563 

Septembre 2020

 

 

mercredi 4 novembre 2020 
par  Martine Couttelin 

 

 


Les classes terrasses, Gwenael Le Guével, professeur des écoles.

Idriss Aberkane utilise cette image : "L’école, c’est un buffet à volonté de connaissances. Un grand buffet comme dans un cinq étoiles. Le paradis. Sauf qu’à l’école, on a ajouté une règle : y a un maître d’hôtel qui se pointe et qui te dit : "Tu dois tout bouffer, tout, jusqu’à la dernière assiette (...). Tu seras évalué sur ce que tu as laissé, pas sur ce que tu as mangé et en plus si tu laisses trop, tu seras humilié et viré de l’hôtel."

 

Mon Gégé et Moi, Nicolas Mollin, professeur des écoles à Thônes (74)

Huit élèves de CM2 volontaires, sur les temps des APC, pendant 6 séances de 45 mn durant la pause méridienne pour participer à une expérimentation visant à se poser collectivement la question : "Comprendre, comment fait-on ?"
Les stratégies de ces élèves classées en 3 types de connaissances métacognitives : connaissances sur les tâches, connaissances sur les personnes et connaissances sur les stratégies. Tel le guide de haute montagne qui détient des connaissances expertes sur les tâches (les chemins), les personnes (les clients : leurs goûts, leur niveau) et les stratégies (les techniques d’alpinisme pour évoluer en sécurité), nous retrouvions les mêmes catégories que celles des connaissances métacognitives de Flavell. Un autre expert capable de surveiller et former peut faire l’affaire : le maître-nageur, le professeur d’équitation, le moniteur de voile ou de plongée.

 

"Rencontrer le cerveau des autres, c’est bizarre.", Esther Czuk Vel Ciuk, enseignante spécialisée à Paris, doctorante en sciences de l’éducation.

Il s’agit de mettre à jour la part cachée des apprentissages scolaires. Apprendre comporte inévitablement une grande part d’implicite. Tout se passe dans la boîte noire : le cerveau. Pratiquer un enseignement explicite est déjà un acte pédagogique engagé vers la métacognition.

Trois étapes clés :

 

 l’explication des attendus : nous énonçons clairement l’objectif ciblé et proposons un "canevas stratégique" qui permet de poser des bases communes,

 

 la modélisation : en situation, nous montrons le plus clairement possible la manière dont nous procédons en tant qu’experts pour réaliser les étapes,

 

 la pratique guidée : des séances d’entrainement variées.

Regarder sa propre pensée était une découverte. C’est un vrai changement de paradigme pour les élèves : l’enseignant s’intéresse à la manière dont ils procèdent et non plus seulement à leur réussite. On les extrait d’une obligation de résultat pour passer à une obligation de moyens. Ainsi, sous cet angle de vue, s’il existe un processus inclusif à l’école, la démarche métacognitive a certainement son rôle à jouer. Comme le dit Jean, 8 ans, "rencontrer le cerveau des autres, c’est bizarre", mais cela permet de se rendre compte "qu’on en a un aussi !".

 

 

Prendre, comprendre, apprendre, Nicole Delvolvé, ergonome, conférencière et formatrice.

Il n’y a pas d’âge pour commencer à construire des routines cognitives afin d’être plus efficace dans les apprentissages. Se rendre disponible c’est ignorer tous les stimulus environnementaux qui pourraient distraire les élèves. Ainsi, en maternelle, avant de partir vers la salle de motricité, l’enseignante demande à ses jeunes élèves de s’asseoir puis de fermer les yeux, et enfin d’écouter la consigne qu’ils devront exécuter dans la salle de motricité. Un dispositif pédagogique efficace qui a permis à un maximum d’élèves de garder en mémoire la consigne donnée. Aux cycles 2 et 3, il est important de prévenir les situations de double tâche. Aux plus grands, il ne serait pas inutile de leur conseiller d’avoir des bouchons d’oreilles sur eux s’ils se savent sensibles aux stimuli sonores.

La mise en place des rituels de prise de parole permet à tous les élèves d’avoir le temps de traiter la question posée avant de formuler une réponse. Ex. : les élèves doivent attendre un signal du professeur pour manifester qu’ils ont une réponse à donner.

Les 3 clés de la consolidation des connaissances en mémoire sont : sens, liens et confiance en soi.

Pour les enseignants, il s’agit de structurer les séances en donnant les objectifs et faisant vivre les différentes étapes du cours, pour les plus grands par la synthèse de ce qui a été appris de nouveau. C’est l’évaluation structurante. Ex. : construction en début d’année d’une affichette intitulée "Comment apprendre ?", collée sur la dernière page de leurs agendas.

 

Expériences multiples, Sylvie Cèbe, maîtresse de conférences en sciences de l’éducation.

L’enseignement de connaissances et compétences métacognitives est crucial pour la réussite scolaire, il ne doit pas être dissocié de celui des connaissances spécifiques et des procédures requises pour traiter les tâches et les activités proposées dans les différentes disciplines scolaires. Prolongeant les travaux de James H. Flavell, Robert A. Reeve et Ann L. Brown définissaient la métacognition comme "la capacité de l’individu à connaître ses propres capacités, à comprendre le problème à résoudre, à choisir les stratégies qui lui permettront d’atteindre le but et à planifier leur utilisation, à contrôler et à coordonner ses activités".

La métacognition intègre 3 composantes principales : les habiletés métacognitives, le contrôle (méta)cognitif ou exécutif et les connaissances métacognitives.

On ne présente jamais en même temps le texte et l’illustration, ce qui évite de placer les élèves devant une double tâche. On précise le but de l’activité et ce qui est attendu des élèves. Dans nos outils didactiques, nous invitons les enseignants à instaurer la même routine conversationnelle : quand une question est posée, personne n’a le droit de répondre tout de suite ; même chose quand un élève est invité à raconter, seul, une histoire, du début à la fin. Les élèves corrigeront ou complèteront une fois que leur camarade aura dit "j’ai fini".

 

Le pourquoi du comment, Prisca Fenoglio, doctorante, Circef-Escol, Paris VII.

Grâce à Jean-Pierre Jaffré, un outil a été proposé : les entretiens métagraphiques.

 

De nombreux alpinistes ont gravi l’Everest, Julie Ayroles, doctorante, Anne Potocki, maître de conférences, Mônica Macedo-Rouet, maître de conférences, Jean-François Rouet, directeur de recherche au CNRS, CeRCA.

 

Etapes de la recherche d’informations :

 

- étape 1 : comprendre et s’approprier les exigences de la question,

 

 étape 2 : localiser l’information pertinente,

 

 étape 3 : transformer l’information lue en réponse,

 

 étape 4 : évaluer sa réponse.

 

La compréhension et le maintien en mémoire de la question tout au long de l’activité semblent complexes pour des élèves de CE2 et de CM2.

 

Chercher l’erreur, Karine Delhaye, enseignante de SVT à mission de conseil pédagogique, Ottawa (Canada).

 

 étape 1 : face à la compétence,

 

 étape 2 : lister les critères de réussite,

 

 étape 3 : construire la fiche méthodologique.

 

Autorégulation, Mireille Houart, professeure en pédagogie, Namur.

- L’enseignant sélectionne un extrait de texte que les élèves devraient étudier à domicile en toute autonomie.

 

 Il passe entre les bancs pour mettre en lumière, pour chaque élève de la classe, une stratégie de traitement actif que l’élève a mise en oeuvre et qui est intéressante pour la compréhension et pour la mémorisation du texte.

 

 Ensuite, chaque élève fait part d’une stratégie qu’il a utilisée pour étudier le texte.

 

 Au fur et à mesure, le professeur classe les stratégies dans quatre catégories : rechercher la signification, rechercher la structure, établir des liens, conserver des traces du traitement actif.

 

 Pour chaque stratégie, le professeur peut aussi demander aux élèves ou expliquer lui-même en quoi la stratégie est utile à mettre en oeuvre et dans quelle(s) condition(s).

 

 L’enseignant fournit ensuite aux élèves un exemple de synthèse du texte et leur demande de mettre en évidence, par exemple, dans le cadre d’une activité en trio, les stratégies de traitement actif qui ont été exploitées.

 

 Les élèves sélectionnent les stratégies qu’ils adopteraient lors de l’appropriation lors de l’appropriation d’un nouveau texte.

 

 L’enseignant amène les élèves à réfléchir aux améliorations à apporter à leur étude, leur synthèse, leurs outils d’étude, etc.

"La foire aux stratégies" a pour but de doter les élèves d’un panel de 50 stratégies de mise au travail et de maintien de l’effort et de sélectionner les stratégies qui sont les plus pertinentes pour faire face aux éléments de distraction qu’ils ont identifiés.

 

"Métacognitions", Jocelyn Reulier, professeur des écoles, chercheur associé au Grene Monde (groupe de recherche en neurosciences et éducation).

Dans ma classe de CM2, chaque année débute par un travail de rechercher autour des problématiques suivantes : "Comment est organisé mon cerveau et comment fonctionne-t-il ? Suis-je capable de développer mes apprentissages ? (plasticité cérébrale). En quoi l’erreur est inhérente au processus d’apprentissage ? En quoi le mauvais stress bloque mes apprentissages ? Comment puis-je mieux gérer mon attention et inhiber des automatismes erronés ? Comment puis-je mobiliser adéquatement mes mémoires ?"
L’enfant n’attend plus les réponses de l’enseignant comme détenteur du savoir.



02/02/2021